L'Antre de la folie

5 BONNES RAISONS DE (RE)DÉCOUVRIR THE TWILIGHT ZONE !

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Affiche de la série The Twilight Zone de 1959, avec Rod Serling au premier plan et son cortège de personnages étranges à l'arrière.

Par Kevin Kozh n’air

30 août 2025

“Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais aussi d’esprits. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination : un voyage au bout de ténèbres où il n’y a qu’une destination : la quatrième dimension…”

The Twilight Zone… Comment faire l’impasse sur cette série qui a marqué la génération de nos parents ET de nos grands-parents. C’est tout de même rare qu’une fiction devienne aussi intemporelle ! Aujourd’hui avec la disparition progressive de la télé dans les ménages suite à l’émergence des plateformes de streaming (preuve à l’appui en cliquant ici !) pas sur que les nouvelles générations aient entendu parlé de ce TV show dont la simple musique nous replonge en enfance. 

Alors, pour la Gen Z qui viendrait se perdre ici, La Quatrième Dimension (titre français) c’est quoi ? Pour vous donner un ordre d’idée, imaginez un ancêtre de Black Mirror, mais en noir et blanc, avec des histoires courtes où chaque épisode explore une peur, un comportement obsessionnelle ou un vertige existentiel. On y croise des voyageurs temporels, des extraterrestres, des mannequins qui s’animent aussi, c’est vrai, mais surtout des individus lambdas qui se retrouvent dans une réalité déraillée, qu’ils tenteront de déchiffrer pour obtenir une meilleure compréhension d’eux même.

Bref, un mélange de science-fiction, de fantastique, de peur et de satire sociale, raconté comme un conte moral, dont le créateur, Rod Serling est devenu une figure emblématique des TV show des années 60’s. Aujourd’hui, je vous donne 5 bonnes raisons de (re)découvrir cette série de genre cultissime !

1- UN VOYAGE DANS LE TEMPS

Une femme poursuivi par un petit robot dans The Twilight Zone.
The Invaders (S2E15)

The Twilight Zone est un véritable témoignage des questionnements et des traumas de son époque !  Parmi les sujets majeurs on y retrouve par exemple l’épée de damoclès qui pèse sur le monde qu’est la bombe nucléaire (Hiroshima et Nagasaki ce n’était que 14 ans auparavant…), la guerre qui menace d’éclater, mais aussi l’émergence du capitalisme et la société de consommation. Et quand on voit le monde de m**** qu’on se tape aujourd’hui, on peut sans rougir dire que Rod Serling avait raison de s’inquiéter…
La première saison est particulièrement marquée par cette atmosphère de disparition et de fin du monde. Les décors sont souvent des villes désertées, des paysages vides, où un homme solitaire erre comme un survivant.

On retrouve cette angoisse de la guerre froide notamment dans Third from the Sun (S1E14) où l’on suit une famille tentant d’échapper à une guerre imminente en embarquant pour une nouvelle planète, tandis que The Shelter (S3E3) met en scène des voisins américains prêts à s’entretuer pour trouver refuge dans un abri antiatomique. Même lorsque le sujet de la guerre n’est pas frontalement abordé, l’incertitude et la perte de repère planent comme une ombre, comme nous pouvons le voir dans l’épisode Walking Distance (S1E5), dans lequel un homme retourne par hasard dans la ville de son enfance, et découvre sans pouvoir l’expliquer rationnellement que tout est resté intacte, comme si le temps s‘était suspendu, ce qui le pousse à réfléchir sur ce qu’il est, et était.

Pour rappel, la série a été écrite et diffusée avant le premier pas de l’homme sur la Lune. Les épisodes qui abordent l’exploration spatiale ou la rencontre avec des extraterrestres ne le font donc pas sous l’angle émerveillé de la curiosité scientifique, mais à travers le prisme de l’angoisse, comme si l’espace représentait une menace imminente pour l’humanité. Dans The Invaders (S2E15), par exemple, une femme isolée dans une cabane se retrouve terrorisée par de minuscules extraterrestre, je ne vous dévoilerai pas la chute, mais l’épisode ressemble beaucoup à celui des chiens robots de Black Mirrors ! Dans To Serve Man (S3E24), les aliens viennent en paix offrir leur connaissances aux humains, mais leur bienveillance cache en réalité un plan d’une toute autre nature… que je vous laisse découvrir !

Mais au-delà de ces sujets, c’est tout une esthétique vintage qui va vous plonger dans le passé ! le noir et blanc, le doublage en français si caractéristique de l’époque, le kitch des décorations (et même temps tellement avant-gardiste) et les costumes à l’ancienne seront la DeLorean qui vous transportera dans cette autre dimension ! Et puis, il faut rappeler que la série a fait émerger de nombreux acteurs qui allaient marquer l’histoire du cinéma comme Lee Van Cleef, Buster Keaton, Charles Branson, Dennis Hopper ou encore Robert Redford… ça donne envie, non ? 😉

2- UNE SÉRIE FACILE À CONSOMMER

To Serve Man (S3E24)

C’est LA série parfaite à savourer lors d’une pause déjeuner ! Chaque épisode ne dure que 25 minutes environ et prend l’apparence d’un petit conte fantastique qui nous invite à une réflexion introspective. Mais je vous assure, la mise en scène et le format nous aident, c’est typiquement le genre de série où on “ne se prend pas la tête” tout éveillant notre sens artistique et moral ! Pour faciliter la digestion, les personnages incarnent une idée plus qu’une véritable personnalité. On retrouve ainsi des archétypes simples comme le paranoïaque, le rat de bibliothèque, l’homme lâche rongé par la peur, etc, etc, et qui permettent d’aller droit au but. L’important n’est pas de suivre leur évolution psychologique, mais de comprendre le message universel que l’épisode veut transmettre.

Les personnages sont parfois si stéréotypés qu’il y a quelque chose d’enfantin, dans leur manière de surréagir, de parler tout seul pour qu’on comprenne bien leur pensée, la théâtralité des déplacements, les musiques qu’on aurait pu retrouver dans des cartoons…D’ailleurs, l’aspect conte pour tout public se retrouve aussi avec l’apparition de Rod Serling à chaque début d’épisode pour donner le pitch, et nous donner précisément la lecture qu’il faut avoir des événements de l’épisode. Cela me rappelle mes lectures des contes fantastiques de Hoffmann, et surtout ceux d’Edgar Allan Poe lorsque j’étais étudiant. Il exposait souvent sa théorie en préambule, et ensuite le conte devenait l’expérimentation qui allait l’illustrer, le Démon de la perversité, et l’Ange du bizarre en sont de parfaits exemples !

Pour vous illustrer la forme de conte que peuvent prendre les épisodes, prenons par exemple One for the Angels (S1E2) qui raconte l’histoire qui m’a pas mal touché d’un petit vendeur ambulant négociant avec la Mort elle-même, l’épisode pose cette question  : une vie en vaut-elle une autre ? Dans Nick of Time (S2E7), un homme est prisonnier d’une machine à prédictions qui finit par dicter tous ses choix, et nous invite à réfléchir sur le danger d’une croyance systématique en la superstition. Un dernier exemple avec What You Need (S1E12)”, où un vendeur mystérieux offre aux gens un objet incongru dont ils vont avoir sans le savoir besoin dans les minutes qui suivent, mais un homme cupide veut exploiter ce don, que va-t-il se passer pour lui ?!

3- L'ART DU SUSPENSE ET DE LA CHUTE

Un homme à lunette devant une pile de livres dans ce qui semble être un univers apocalyptique. The Twilight Zone.
Time Enough at Last (S1E8)

L’une des choses les plus savoureuses dans The Twilight Zone, c’est son goût pour le suspense et la chute finale. Parfois le twist final vous faire faire trois tours dans votre slibard ! Il est tantôt ironique, tantôt cruel, mais toujours surprenant ! Je vais vous donner quelques exemples où je vais spoiler un peu, histoire de vous donner la température. Il vous en  restera plus que 134 à découvrir, j’espère que vous saurez me pardonner 😉 

Dans Eye of the Beholder (S2E6), une patiente bandée de la tête attend le verdict d’une opération censée “réparer” sa laideur. Le twist renverse la norme : lorsque les bandages sont enlevés, nous découvrons que c’est une belle femme selon nos standards, mais dans ce monde, où tous portent un visage porcin, elle est perçue comme monstrueuse. Morale de l’histoire : La beauté est subjective et totalement normée. Le visage du personnel de clinique avec ses masques de cochon est restée célèbre et terrifiante dans la pop culture !

Le registre peut être encore plus mystique, comme dans The Howling Man (S2E5), où un voyageur égaré en Europe découvre un prisonnier hurlant, enfermé par des moines. Il est tiraillé entre sa compassion pour le détenu et le discours du chef de l’ordre qui lui assure que c’est le diable en personne. Ne pouvant le croire, il le libère… avant de réaliser que le moine avait dit la vérité, aussi insensé que cela puisse paraître.

Certains épisodes  nous dupent sur la notion même de ce qui peut être vivant, physiquement et dans notre imagination, comme nous pouvons le voir dans Five Characters in Search of an Exit (S3E14), où l’on y découvre cinq personnages enfermés sans comprendre où ils sont : un soldat, un clown, une ballerine, un mendiant et une joueuse de trompette. Nous découvrons à la fin qu’ils ne sont pas humains, mais de simples jouets dans une boîte.

Et puis il y a ce cynisme punitif dont la série a le secret, l’un des plus célèbre est l’épisode Time Enough at Last (S1E8), un homme solitaire passionné de lecture survit à l’apocalypse et croit enfin avoir tout le temps de lire. La vie de rêve me direz vous ? Sauf que coup dur pour notre petit gars, après avoir préparé ses centaines de piles de livres, il casse ses lunettes… Humour noir bonjour !

2- UNE PETITE DOSE DE VERTIGE EXISTENTIEL ?

Un femme et un homme au visage porcin ont un regard triste. The Twilight Zone
Eye of the Beholder (S2E6)

Amateurs de Philip K. Dick ou de Ray Bradbury (surtout les Chroniques martiennes), cette série est faite pour vous ! Comme promis dans chaque présentation au début des épisodes, The Twilight Zone explore l’étrangeté qui peut surgir dans nos vies quotidienne, et parfois nous en sortir… La bascule dans l’autre dimension devient in fine une manière de réfléchir à la nôtre.

La bascule dans l’autre monde peut se faire au service d’une critique sociale comme dans A Stop at Willoughby (S1E30), où un employé de bureau surmené et harcelé par son patron loupe son arrêt de train et arrive dans une ville paisible, figée en dehors du temps. Un monde idéal, sans stress ni capitalisme… mais qui s’avère n’être qu’un piège de l’esprit, car rien de tout cela est réel. Et les multiples tentatives pour revenir à Willougbhy le font sortir chaque jour un peu plus de sa propre vie. L’épisode dénonce le cynisme de la société capitaliste qui broie tout sur son passage et dont il n’y a pas d’échappatoire. Même constat dans The After Hours (S1E34), où une femme découvre que le 9e étage d’un grand magasin est peuplé de mannequins qui prennent vie. Je vous épargne la chute incroyable, disons seulement qu’ici il s’agit d’une critique du consumérisme et de la perte d’identité dans un monde marchandisé où nous devenons tous des produits.

L’étrange nous invite parfois à relativiser nos vies. Dans A Passage for Trumpet (S1E32), un musicien en plein bad comprend, après une expérience mystique, qu’être en vie est déjà une chance en soi. À l’inverse, A Nice Place to Visit (S1E28) montre un voyou qui obtient tout ce qu’il désire dans l’au-delà, avant de réaliser que cette profusion sans limites est en réalité son enfer personnel. Il est condamné à ne jamais ressentir la frustration, ingrédient essentiel au plaisir et au bonheur !

L’identité et la mémoire, thèmes chers à Philip K. Dick, sont aussi des portes d’entrée vers cet autre monde. L’épisode Person or Persons Unknown (S3E27) suit un homme qui se réveille un matin pour découvrir que plus personne ne le reconnaît. Sa femme, ses amis, ses collègues nient son existence. Quant à And When the Sky Was Opened (S1E11), il raconte le destin de trois astronautes revenus d’une mission expérimentale : l’un après l’autre, ils disparaissent de la mémoire des vivants, comme si leur existence entière n’avait jamais eu lieu. Ont-ils seulement exister ?

1- DE VRAIS MOMENTS DE FRAYEUR

Une famille entière pose pour une photo, mais en enlevant leur masque ils révèlent des visages immondes, symbolisant leur propres vices. The Twilight Zone.
The Masks (S5E25)

Et pour finir, dernier argument pour tenter de vous convaincre de vous épancher sur cette grande série, parce qu’on est quand même un peu là pour trembler des genoux, c’est son potentiel horrifique certain. On a même parfois des symboliques qui pourraient nous faire penser à de l’elevated horror avant l’heure et des propositions qui sont devenues culte dans la pop culture !

Commençons par Nightmare at 20,000 Feet (S5E3), où un passager d’un avion aperçoit une créature en train de déchirer l’aile de l’appareil. Est-ce une hallucination due à son état nerveux, ou la réalité ? L’épisode joue sur la paranoïa et l’angoisse du huis clos. Il semble avoir marqué les esprits au point d’avoir eu son remake dans le film éponyme, composé de quatre histoires et piloté par Steven Spielberg, que je vous recommande de regarder aussi car il est tout à fait à la hauteur de la série !

Un autre cauchemar à l’état pur, c’est It’s a Good Life (S3E8), qui met en scène un enfant aux pouvoirs divins qui terrorise tout un village. Il y a quelque chose de terrifiant à observer l’impuissance des adultes face à l’arbitraire d’un enfant capricieux capable de condamner quiconque ose le contrarier. Cet épisode aura lui aussi le droit à son remake dans le film, réalisé par Joe Dante (réalisateur des Gremlins) qui m’a vraiment fait “flipper ma race” comme on dit.
Par ailleurs, je vous partage ici mon article sur la peur des enfants dans les films d’horreur !

Dans Where Is Everybody? (S1E1), le tout premier épisode de la série et probablement un des plus terrifiants, un homme se retrouve seul dans une petite ville américaine entièrement vide.  Il croit croiser des passants, mais ce ne sont que des mannequins. Plus l’épisode avance, plus son isolement cède à la panique, jusqu’à la révélation finale. Le potentiel horrifique des mannequins à souvent été exploité par la suite, et cela me rappelle un court métrage qui m’avait bien fait flipper aussi, Poupées de cire, poupées de songe que je vous partage ici, en la reregardant en basse résolution (Le court métrage a été réalisé il y a 14 ans…) je crois que cela lui ajoute un grain encore plus flippant…

Les objets eux-mêmes deviennent menaçants. Dans Living Doll (S5E6), la petite poupée Talky Tina répète en boucle des phrases comme “Je suis Talky Tina… et je vais te tuer !”, grosse ambiance qui nous rappelle un peu Chucky, et qui transforme nos jouets d’enfance en instruments de cauchemars. Même logique dans The Dummy (S3E33), où un ventriloque, persuadé que sa marionnette est vivante, sombre dans la folie.

Enfin, The Hitch-Hiker (S1E16) reste l’un des épisodes les plus angoissants, on y suit une femme seule au volant croise non-stop le même auto-stoppeur inquiétant sur sa route. Une figure spectrale qui peut faire penser à l’Ange de la mort… Le motif de l’autostoppeur et de la répétition a été repris de nombreuses fois, notamment dans l’Antre de la folie de Carpenter, et Lost Highway de Lynch !

POUR CONCLURE

Plus de soixante ans après sa première diffusion, visionner The Twilight Zone reste toujours très pertinent, car il nous porte un regard du passé, avec ses décors en carton-pâte, ses dialogues parfois datés et son noir et blanc hypnotique, mais tout en ayant une clairvoyance qui continue à résonner de manière universel. Elle explore des thématiques comme la peur de l’autre et de l’inconnu, la paranoïa collective, la fragilité de notre identité, ou encore qu’est-ce que le réel ?

Rod Serling est uns des pionniers dans l’usage de la science-fiction et du fantastique comme un miroir de notre société, et son influence, notamment parmi les plus grands réalisateurs de notre époque, est immense. Il a commencé à écrire  des scénarios dès la fin du conflit militaire en 1946 afin de tenter d’oublier les cauchemars et traumatismes issus de son vécu lorsqu’il a combattu durant la 2nd guerre mondiale, et qui ont continué à le hanter jusqu’à la fin de sa vie. Merci pour tout l’artiste, j’espère que la Gen Z continuera à transmettre ton flambeau…
(J’aime bien l’idée de terminer cet article sur du chantage affectif !)

Je vous partage le lien de Internet Archive pour regarder la série dans son intégralité ! (C’est en anglais…)

Rod Serling écrivant un script pour la série
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