TOP 10 DES PRODUCTIONS A24 !
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Par Kevin Kozh n’air
2 mars 2025
A24… Quelle douce chanson pour les cinéphiles que nous sommes ! Difficile de passer à côté de ce studio qui domine le cinéma indépendant depuis les années 2010.
Avant de vous évoquer mon top 10, petit retour historique et explicatif sur ce studio qui chamboule tout.
A l’heure où les grosses productions comme Universal, Warner, Lionsgate ou Blumhouse prennent de moins en moins de risque, A24 sort du lot en cherchant des perles rares de créativité, sur la forme comme sur le fond. Le studio a été créé par trois anciens producteurs, Daniel Katz, David Fenkel et John Hodgeslasser, le nom provenant d’une autoroute en Italie où circulait Katz lorsqu’il a eu l’idée de créer son propre studio.
Je vous met en partage le passionnant documentaire de Sofyan sur la folle ascension de ce studio prodige. Son énorme coup de force est d’avoir réussi à se faire une place dans le game de la distribution US parmi les géants bien installés depuis parfois plus d’un siècle (Paramount en l’occurence). Je sais pas si vous réalisez, c’est comme si vous commenciez une partie de monopoly avec 10 tours de retard, et que vous arriviez quand même à remonter au score !
A24 s’est d’abord fait un nom dans la distribution, en écumant les festivals de cinéma à la recherche d’une pépite sous-estimée par les géants de la distribution et en misant sur une communication ingénieuse qui bouscule les habitudes. Après plusieurs films qui rencontrent un succès mitigé malgré des propositions originales, c’est Spring Breakers de Harmony Korine, énorme succès international, qui va faire découvrir au monde le potentiel de A24. Le film s’est notamment fait connaître par l’immense campagne lancée par le studio sur les réseaux sociaux (ça semble évident aujourd’hui, mais à la sortie du film, en 2013, ça ne l’était pas !). On note par ailleurs que trouver des techniques de marketing hors-normes deviendra la marque de fabrique du studio, comme pour la distribution de Ex-Machina, où ils ont recréé le profil de Ava sur Tinder pour diriger les match vers le site du film, ou encore le visage de Robert Pattinson imprimé sur 3000 boîtes de pizza à New York, pour la promotion de Good Times, un film à voir absolument par ailleurs. La même année, il arrachent des griffes de la Weinstein Company The Bling Ring, de Sofia Coppola. Le rouleau compresseur est en marche…
Par la suite, A24 prend suffisamment d’ampleur pour se lancer dans la production de ses propres films, ils ont un principe : donner une totale liberté de création à leurs réalisateurs. C’est ainsi qu’ils donnent carte blanche à Barry Jenkins, qui nous pond un magnifique Moonlight, et qui remporte l’oscar du meilleur film en 2016, passant devant La La Land. Pas mal pour une première production ! Je vous laisse découvrir ici la liste des films qu’ils ont produits par la suite : difficile de ne pas être impressionné par la quantité, et surtout la qualité, des œuvres qu’ils ont sorties en si peu de temps…
Restons tout de même vigilant pour la suite, car si A24 brille par son originalité de production et distribution, paradoxalement une certaine forme esthétique devient reconnaissable, notamment les couleurs néons qui reviennent régulièrement, l’aspect baroque, les couleurs léchées, une certaine manière de film de façon épurée… On constate également que les budgets grossissent de plus en plus, on dépasse le 50 millions avec Civil War de Alex Garland (Pour rappel, le premier film produit, Moonlight avait un budget de 5 millions…), ce qui ne correspond pas exactement à la définition de cinéma indépendant… Il y a également un phénomène de mode qui attire de plus en plus les acteurs du cinéma commercial, nous verrons par exemple Hugh Grant dans Heretic, et Timothée Chalamet dans le prochain film de Josh Safdie, Marty Supreme. Et enfin, de nouveaux distributeurs comme Néon apparaissent. Celui-ci semble s’ériger en concurrent direct, en s’ouvrant sur un marché hors américain et en distribuant des films dont A24 n’aurait pas été boudeur (Parasite, Le Portrait de la jeune fille en feu, Anora, Titane, Julie en 12 chapitres, pour ne citer qu’eux…)
Faire un top 10 A24 n’en demeure pas moins une chose difficile, la plupart de leurs films sont bons, voire très bons. Je suis néanmoins aidé par la thématique de ce blog, je vais donc retenir que les films de genre, qui ont une teinte horrifique ou tout simplement étrange. Ces limites m’empêchent de m’étendre sur d’excellents films à voir absolument comme Past Lives, First Cow et Showing Up, 90’s ou encore Uncut Gems (en revanche, petite déception pour The Whale et White noise qui forcent un peu trop à mon goût). Ce top ne concerne que les films produits par le studio, non ceux qui ont été distribués. Allez hop, on décolle, Nicole !
10- IT COMES AT NIGHT - TREY EWARD SHULTS

Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.
Un film qui ne paye pas de mine, qui prend son temps à démarrer et sans qu’on s’en aperçoive, le dilemme fait sens : jusqu’à quel point sommes-nous prêts à sacrifier notre humanité pour organiser notre survie et celle de nos proches ? Prendre le risque de faire confiance dans un post-apo où tout n’est que danger. Le film multiplie les fausses pistes, nous ne savons qui est le plus dangereux entre Will et Paul, à moins que le danger ne vienne de l’extérieur ? J’étais en tension pendant tout le visionnage, ce film est trop sous-estimé !
9- DREAM SCENARIO - KRISTOFFER BORGLI

Paul Matthews, un banal professeur, voit sa vie bouleversée lorsqu’il commence à apparaître dans les rêves de millions de personnes. Paul devient alors une sorte de phénomène médiatique, mais sa toute nouvelle célébrité va rapidement prendre une tournure inattendue…
Encore une fois, un film beaucoup plus intelligent qu’il n’en a l’air. Derrière ce qui semble être un énième OFNI avec Nicolas Cage (auxquels on ne dit pas non, soit dit en passant), se cache une satire sociale très intéressante. Le film nous met en garde contre les phénomènes viraux sur internet, la mise en scène de sa vie privée, la fame et la cancel culture dont la frontière peut parfois être fine. J’aime beaucoup quand un film nous pose un cadre très légèrement fantastique pour nous inviter à réfléchir sur nous et le monde. Dans la même veine et en plus french, je vous recommande aussi Vincent doit mourir, avec Karim Leklou.
8- HERETIC - SCOTT BECKE

Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…
Juste pour voir Hugh Grant dans un film d’horreur, ça vaut le coup ! L’une des choses que j’aime bien voir dans les thrillers horrifiques, c’est le moment de bascule, lorsque la confiance du protagoniste oscille sur les intentions de son interlocuteur, quand l’ambiance, encore en apparence chaleureuse, bascule vers le malaise, sans que le danger ne soit encore explicite. Et Heretic étire au maximum cette bascule. Le comportement borderline de Hugh Grant qui repousse toujours plus loin les questions gênantes, voire intimistes à deux jeunes mormones qui, elles aussi, refusent d’admettre qu’elles sont tombées chez un psychopathe, crée une tension insoutenable. Le but ? remettre leur foi en cause, et en montrer les limites, de la pire des manières. By the way, les réflexions sur la religion sont très cools, je dirais pas que la démonstration totalement perverse de Grant m’a convaincue, mais au delà des rebondissements scénaristiques qualitatifs, le débat de fond était intéressant !
7- I SAW THE TV GLOW - JANE SCHOEBRUN

Deux adolescents marginaux voient leur émission de télé favorite être annulée subitement. La frontière entre ce qui est réel et ce qui est de la fiction commence peu à peu à s’estomper.
Vous trouverez ma critique complète sur ce film ici.
On est sur un coming-of-age qui sort des sentiers battus, avec une esthétique néon/chewing-gum qui, au départ légère et pop, devient de plus en plus oppressante à mesure que la fiction se dissout dans le réel.
Qui est ce mystérieux Mr. Melancholy, ce bad guy à tête de lune ? Le grand méchant de la série… ou bien l’allégorie de la vie adulte qui arrive à grands pas ?
6- MIDSOMMAR - ARI ASTER

Dani et Christian sont sur le point de se séparer quand la famille de Dani est touchée par une tragédie. Attristé par le deuil de la jeune femme, Christian ne peut se résoudre à la laisser seule et l’emmène avec lui et ses amis à un festival estival qui n’a lieu qu’une fois tous les 90 ans et se déroule dans un village suédois iso
Au moment où A24 décide de s’attaquer pour de bon au cinéma de genre, ils mangent un bon coup de massue lorsque Blumhouse met la main sur LE réalisateur qui casse le cinéma horrifique mondial : Jordan Peele, et son désormais culte, Get Out. Mais pas de soucis pour A24 qui vient de dénicher un jeune poulain qui s’était déjà fait remarquer lorsqu’il était dans l’école de cinéma à Santa Fe avec son court métrage déroutant The Strange Thing About the Johnsons. Il s’agit de Ari Aster, qui cherche un distributeur pour son premier long métrage, qui deviendra lui aussi un film culte en explorant la descente aux enfers d’une famille endeuillée : Hérédité.
En 2019, on change pas une équipe qui gagne, et A24 devient le producteur de son 2éme long métrage, Midsommar. Je trouve ça fou de réussir à recréer une ambiance aussi glauque et horrifique dans un style totalement différent de son premier film. On est toujours sur une héroïne en plein drame familiale, cela ne change pas (Et encore moins dans son 3éme long Beau is Afraid 😭), mais le milieu hippie scandinave apporte une vraie fraîcheur, la lumière et les couleurs sont inhabituelles pour une production horrifique, sans parler de l’immense travail pour reconstituer au plus proche de la réalité les effets visuels de la drogue. C’est beau, choquant, attachant parfois (Florence Pugh est magistrale et tellement touchante) et déroutant. On en ressort un peu déboussolé…
5- ZONE OF INTEREST - JONATHAN GLAZER

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.
Tout est dans le pitch. Ce n’est pas un film d’horreur à proprement parler, pourtant voir la vie quotidienne de la famille de Rudolf Höss, avec ses effusions de joies, le rire des enfants qui jouent dans le jardin, les tristesses et les déceptions, qui se déroule normalement juste à côté de l’innommable est l’une des choses les plus terrifiantes que j’ai pu voir. Il y a une vibes de Le bonheur, de Agnès Vadra, un film dont le ton gai, champêtre et coloré détonnait totalement avec l’horrible histoire d’un homme qui pousse sa femme au suicide en la trompant puis la remplace avec sa maitresse pour élever ses enfants.
Jonathan Glazer, qui avait déjà brillé avec un film qui m’avait beaucoup marqué, Under The Skin, et que je vous recommande, se questionnait déjà sur notre rapport à l’autre, et ce qui fait de nous des êtres humains. Dans ce film, le ton ironique créer un sentiment de malaise profond et nous montre l’homme au sommet de sa cruauté. Je vais faire un léger spoiler, mais j’ai particulièrement aimé la fin, lorsque Höss a une sorte de flash forward, il éprouve un malaise en descendant un escalier. Pendant ce temps on y voit le Auschwitz de notre temps, devenu un musée mémorial, avec un plan sur les vêtements entassés des juifs avant leur extermination. Puis on revient sur Höss durant la 2nd guerre mondial, comme si le temps d’un instant, il prenait conscience de l’horreur et de la trace qu’il laisserait à tout jamais dans l’histoire de l’humanité.
La culpabilité de Höss n’apparait pourtant pas dans sa terrifiante biographie écrite par Robert Merle, dans La mort est mon métier. Höss, le plus grand tueur que l’humanité n’a jamais connu, maintiendra jusqu’au bout qu’il n’a fait qu’obéir aux ordres…
4- THE LIGHTHOUSE - ROGER EGGERS

L’histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890.
Un des films les plus lovecraftien que j’ai pu voir… un chef d’œuvre en noir blanc, mettant en scène la folie progressive de ces deux gardiens solitaires qui ne seront jamais remplacés. Je pense que c’est le film où j’ai pris conscience du potentiel de Robert Pattinson, le duo qu’il forme avec Willem Dafoe fonctionne à merveille. Il a un vrai style expressionniste au niveau de la photographie et la façon de filmer, en jouant avec l’éclairage et les ombres, notamment au travers du plancher du phare. Robert Eggers, ou du moins son chef opérateur, joue avec avec les effets de caméra pour mettre en scène le malaise et les hallucinations de ses personnages. J’ai particulièrement adoré ce long et lent zoom sur Pattinson lors d’une scène où il entre dans une sorte de transe en dansant comme un diable, une bouteille à la main.
3- EVERYTHING EVERYWHERE ALL AT ONCE - DANIEL KWAN & DANIEL SCHEINERT

Evelyn Wang est à bout : elle ne comprend plus sa famille, son travail et croule sous les impôts… Soudain, elle se retrouve plongée dans le multivers, des mondes parallèles où elle explore toutes les vies qu’elle aurait pu mener.
Top 3 des plus grosses claques que j’ai pris dans ma vie, je remercie tellement mon pote de m’avoir trainé au cinéma car sans lui je serais passer à côté d’un film d’une folie et d’une intelligence rare. Je suis tellement gavé par ces histoires de multivers à cause du MCU et du DCEU (même si chez eux, ça devenait tellement pathétique que ça pouvait être divertissant, sauf quand ils font revenir les acteurs de superman morts qui ont explicitement demandé à ne jamais rejouer ce rôle…) que ça été un rejet immédiat en voyant le projet. J’attribuais le multivers à du fan service où n’il y a plus aucun enjeux car cela permettait de faire revenir les supers héros qui se sont sacrifiés. Plus de scénario non plus car plus vraiment de dilemme à résoudre. Cette histoire ne nous arrange pas ? pas de problème on va prendre un bout dans l’univers d’à côté. Je vous partage cette vidéo du Fossoyeur de film et la séance de Marty qui expliquent, entre autre, pourquoi le multivers détruit le concept de storytelling.
Ici, on est sur quelque chose qui ressemble plus au Spider-Verse, un multivers qui explore des réalités alternatives non pas par facilité scénaristique (au contraire, ça devient vite le bordel !), mais pour creuser les émotions, les regrets, les trajectoires ratées et les choix qui n’ont pas été faits. Le parcours de Evelyn pour tenter de ressouder sa famille est vertigineux, parfois épuisant et confus, mais la façon le film la fait ressortir grandie de ce chaos organisé est incroyable. En plus, certains multivers sont hilarants d’absurdité, un peu à la Rick et Morty !
2- THE GREEN KNIGHT - DAVID LOWERY

À travers cette aventure fantastique et épique basée sur la légende arthurienne intemporelle, The Green Knight raconte l’histoire de Sir Gawain, le neveu téméraire et têtu du roi Arthur, qui se lance dans une quête audacieuse pour affronter le chevalier vert éponyme, un gigantesque étranger à la peau émeraude qui met à l’épreuve le courage des hommes. Gawain doit ainsi affronter des fantômes, des géants, des voleurs et des comploteurs qui feront de son voyage une quête d’identité lui permettant de prouver sa valeur aux yeux de sa famille et de son royaume en affrontant son plus grand adversaire.
Voila ce que j’appelle une vraie adaptation, avec une giga prise de risque esthétique (mêler légendes arthuriennes, scandinaves, contes folkloriques, iconographie précolombienne, on salue l’audace). Le chevalier Gauwain est interprété Dav Patel dans son rôle qui m’a le plus touché je pense (Après Slumdog Millionnaire, et aussi Lion… Bon peut être qu’il est bon tout le temps en fait). Voici la petite phrase d’intro qui résume à elle seule toute l’ambition révolutionnaire du film :
« Regardez et voyez le monde qui contient plus de merveilles que n’importe quel autre depuis la naissance de la Terre. Et de tous ceux qui ont régné, aucun n’avait de renommée comme le garçon qui a tiré l’épée de la pierre. (…) Permettez-moi de vous raconter à la place une nouvelle histoire »
C’est de la pure poésie visuelle, de la contemplation métaphysique, comme du Terrence Malick mais sans le côté énervant. Car David Lowery n’a pas composé son film uniquement de silence. À travers sa quête d’honneur et de postérité, Gawain va sillonner ces terres oniriques et rencontrer des bandits, des animaux magiques, des géants et autres êtres féeriques. Mais ne vous y prenez pas, ce n’est pas un film pour enfant. Le ton est grave, tragique, parfois d’une lenteur méditative, ressemblant souvent à Stalker, de Tarkovski. Beaucoup de réflexions et de vertiges sur la notion du temps qui passe, les choix que l’on fait et l’impossibilité de revenir en arrière. Une masterclass !
1- LA MISE À MORT DU CERF SACRÉ - YORGOS LANTHIMOS

Steven, brillant chirurgien, est marié à Anna, ophtalmologue respectée. Ils vivent heureux avec leurs deux enfants Kim, 14 ans et Bob, 12 ans. Depuis quelques temps, Steven a pris sous son aile Martin, un jeune garçon qui a perdu son père. Mais ce dernier s’immisce progressivement au sein de la famille et devient de plus en plus menaçant, jusqu’à conduire Steven à un impensable sacrifice.
Je vous ai parlé plus haut de ces moments de tension, avec un protagoniste qui va de plus en plus loin, sans qu’on sache vraiment ce qu’il veut, si il est simplement étrange ou réellement malveillant. Ce film en est l’exemple suprême. Je ne l’ai vu qu’une fois, il y a longtemps, pourtant les images me hantent encore. Le moment de bascule est encore nettement imprégné dans mon esprit, et je ne peux plus voir Barry Keoghan dans un film sans repenser à ce malaise originel. La performance des acteurs n’y contribue pas toute seule, il y a aussi l’incroyable mise en scène épurée, minimaliste et impersonnelle jusqu’à l’asphyxie, ces nombreux plans en fisheye qui nous oppressent et qui sont devenus la marque de fabrique de Yorgos Lanthimos. Ce film est dérangeant et ô combien efficace, à voir absolument !
BONUS ! THE ETERNAL DAUGHTER - JOANNA HOGG

Julie, accompagnée de sa mère âgée, vient prendre quelques jours de repos dans un hôtel perdu dans la campagne anglaise. Très vite, Julie est saisie par l’étrange atmosphère des lieux. En explorant le domaine, elle est gagnée par l’impression tenace qu’un indicible secret hante ces murs.
Est-ce qu’il vous arrive parfois de passer un très bon moment devant le film, et plus tard lorsque vous en cherchez un passage précis dans les tréfonds de votre mémoire, vous n’en retrouvez que la substance évanescente ? C’est ce qu’il m’arrive pour ce film, je me souviens de très peu de choses précises, en revanche l’atmosphère gothique, ce château embrumé, ses couleurs obscures, matinales et picturales m’ont laissé un très bon souvenir. La double présence fantasmagorique de Tilda Swinton contribue à cet aura fantomatique et vaporeuse, ce qui à mon sens est plus intéressant que les rebondissements de l’intrigue. J’apprécie que le film titille ma sensibilité d’une manière peu habituelle au cinéma.