L'Antre de la folie

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Image tirée de la websérie Rabbits, de David Lynch, des hommes lapin dans un salon

Par Kevin Kozh n’air

15 mai 2025

Mon top 5 des webséries que vous pourrez trouver gratuitement sur internet. Ces séries vont vous amener à réfléchir sur notre société, ou alors vous entraîner dans des limbes horrifiques, ou plutôt de peur, réelles et tangibles, comme on en cherche sur ce blog ! Certaines sont devenues cultes, d’autres sont encore trop injustement méconnues, dans tous les cas j’espère vous apporter quelques découvertes 🙂

5- EFFONDREMENT - LES PARASITES

©Effondrement, Les parasites

Très belle découverte pour cette petite série française disponible sur youtube, produite par Canal et réalisée par Les parasites. 8 épisodes qui durent entre 15 et 20 min. Nous sommes dans un futur proche en France où l’effondrement de notre société a commencé, chaque épisode commence par une information essentielle qui nous permet de reconstituer la temporalité des choses : le nombre de jours depuis l’annoncement de cet effondrement. Chaque épisode est consacré à un lieu précis (supermarché, maison de retraite, station service, hameau, etc) ce qui nous donne plusieurs angles de vue et permet d’aborder plusieurs thématiques, comme la pénurie alimentaire, l’individualisme, l’insécurité, le dilemme entre garder ses principes et sa survie.

On y retrouve quelques figures connues dans le panorama du cinéma français comme Audrey Fleurot (Kaamelott) ou Thibault de Montalembert (Comment je me suis disputé, 10%) qui joue un bourgeois insupportable, un rôle qu’il joue à la perfection. Et très bizarrement on y retrouve aussi Stéphane Malassagne, qui a laissé tomber le coaching pour interpréter un papa prêt à tout pour protéger ses filles.

Le gros point fort de cette série, c’est le plan séquence unique pour chaque épisode qui crée une immersion de zinzin. Le plan séquence est souvent surcoté, je vous l’accorde, mais ici cela fait sens car ça crée un vrai climat anxiogène qui nous fait retenir notre souffle pendant toute la durée de l’épisode. Je n’avais pas vu un truc aussi bien fait depuis 1917 de Sam Mendes. Parfois on se demande même comment le caméra se débrouille pour suivre aussi bien les personnages, c’est presque chorégraphique.

SPOIL alerte : j’ai bien aimé que la dimension politique n’arrive qu’au dernier épisode. Je me disais que ça manquait justement, même si le propos est de voir comment réagissent les gens de façon individuel et collective quand s’écroule, je me disais que que c’était dommage de pas rajouter un peur de lore dans tout ça. Et finalement que neni, la série nous surprend en faisant un dernier épisode flash back, le seul qui se déroule avant l’effondrement dans une monde au bord du gouffre écologique et dans un dénis qui nous rappelle Don’t Look up. Pas mal pour une série produite chez Bolloré !

Tu veux voir cet aperçu de la fin de notre société ? clique ici :  L’effondrement

4- MARBLE HORNET - TROY WAGNER

Image tirée de la série Marble Hornet, on y voit le Slender man dans une chambre d'hôtel, tout est sombre et difficile à distinguer.
©Marble Hornet, Troy Wagner et Joseph Delage

Alors qu’Alex Kralie tourne son court-métrage nommé « Marble Hornets », il décide un jour de couper court à la production et de détruire toutes ses cassettes. J l’en empêche et récupère tous les rushes. En les visionnant quelques mois plus tard, il se rend compte qu’une étrange créature humanoïde apparaît régulièrement à l’image. Il n’en faut pas plus à J pour mener l’enquête autour de cette entité.

On continue sur une websérie qui est devenue très connue aujourd’hui. Mais qui sait, peut être que certains millenials viennent se perdre ici et ne connaissent pas encore l’une des plus incroyables creepypastas qui a circulé sur les internets : celle du slender Man. Le principe fonctionne un peu comme the Sinister, du found footage dont le grain saturé du VSH laisse beaucoup de plus à l’imagination, l’entité est à peine visible, on se demande même si on l’a halluciné ou pas.

Dispo sur youtube : (915) Marble Hornets – YouTube

3- THE OLDEST VIEW - KANE PIXEL

Image issue de The Oldest View, une vidéo d'exploration d'un centre commerciale abandonné dans des sous-sols, on y voit une statue menaçante, plus grande qu'un humain, avec une expression triste sur le visage.
©The Oldest View, Kane Pixel

Et hop on reste du côté des creepypastas au côté de notre jeune Kane pixel. Si le nom ne vous dit rien, vous êtes tout de même très probablement déjà tombé sur une de ses productions qui est devenue mythique sur les internets : Les backrooms.

L’histoire des backrooms était déjà constituée par les internautes avant que Kane Pixel nous donne la possibilité de l’explorer en vidéo. Le concept est simple, vous avez déjà joué aux jeux vidéos ? notamment les premiers en 3D, en forçant les textures vous aviez parfois la possibilité de vous “noccliper” de l’autre côté, ce qui n’était pas particulièrement prévu par les développeurs (quoi qu’on pouvait y trouver quelques easter eggs !) Vous vous retrouviez dans un endroit bizarre où les maps vous semblent familières et en même temps dérangeantes. Et bien, les backrooms c’est cela mais dans notre réalité à nous. Si vraiment vous êtes passés à côté je vous recommande des vidéos de Feldup qui a fait des résumés et analyses parfaites !

Bref, ici dans The Oldest View nous suivons un étudiant qui filme sa balade dans un parc forestier et finit par tomber un arbre au pied duquel se trouve un trou dans le sol. En y regardant de plus près, il y voit un long escalier avec des éclairages type néon, comme dans un bunker. Il décide de s’y rendre, peu rassuré mais trop intrigué de voir ce qu’il y a au bout. Après de longues minutes à descendre sous terre, il trouve… un angle, où l’escalier continue de descendre toujours plus bas. Le jeune homme commence à s’inquiéter de l’anomalie d’une telle construction dans un endroit pareil, mais voilà qui touche à son but, le bout de cet escalier, et l’endroit devient de plus en plus dérangeant.

Et je m’arrête là ! Je n’ai pas envie de vous spoiler, si vous l’avez pas vu encore allez-y dès maintenant car l’une des forces de cette websérie, c’est le mystère, le suspense et la tension permanente qui sont insoutenable. Kane Pixel à cette faculté, hallucinante à son jeune âge, d’être suffisamment cryptique sans non plus être snob pour nous maintenir en haleine. Le sound design et l’univers musical donnent tellement de profondeur et enrichissent l’angoisse de l’exploration. Ce qui m’a également touché c’est que cette suite de vidéo regorge de lore, Kane pixel est parvenu à redonner vie et une dimension horrifique à un lieu qui a réellement existé, vous trouverez encore une fois une très bonne analyse de tout cela dans une vidéo de Feldup.

Pour mouiller votre slip c’est ici : The Oldest View – Renewal

2- RABBITS - DAVID LYNCH

Image tirée de la websérie Rabbits, de David Lynch, des hommes lapin dans un salon
©Rabbits, David Lynch

On en revient encore et toujours au maître de l’étrange, notre cher David Lynch qui nous propose ici une pièce de théâtre sous format de petites vidéos. On y voit une scène de vie domestique dans un appartement new yorkais et des lapins humanoïdes qui nous ressemblent étrangement, du moins à une certaine époque. Jack en costard qui rentre dans la pièce et s’installe près de sa femme qui l’attends sur le canapé en tricottant, la domestique est juste derrière.

Le sentiment de malaise ne tarde pas à arriver quand les protagonistes entament un dialogue qui n’a aucun sens. D’ailleurs, ils ne semblent même pas se répondre, il n’y a pas de contexte, des propos minimalistes et énigmatiques, chacun est comme bloqué dans sa propre bulle et ne parvient pas à communiquer avec les autres. Nous n’aurons qu’un bref aperçu de qu’ils essayent de dire “C’était hier”, “il pleut”, “il n’y a pas eu d’appel”, “quand cela s’est passé ? C’était peut-être demain”. Les personnages semblent totalement désorientés dans la banalité de leur quotidien, attendant quelque chose, un appel, un événement qui soit est déjà passé soit ne viendra jamais. Le personnage de Jack quitte la pièce plusieurs fois puis revient, tout aussi désabusé, sans aucune nouvelle information.

La musique au synthé d’Angelo Badalamenti (Twin Peaks) renforce le côté oppressant, tout comme ses sifflements de train, ou ces rires de sitcom qui tombent à des moments absolument pas drôles. Je me suis laissé envouter par cette websérie car elle m’a rappelé Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, cette même impossibilité à communiquer, tous ces dialogues qui ne mènent nulle part, et un peu le théâtre de l’absurde dont les messages philosophiques voire politiques sont toujours puissants.

Et petit bonus pour vous donner envie d’aller la voir : C’est Naomi Watts et Laura Harring qui se trouvent juste après Mulholland Drive pour jouer les lapines !

Découvrez ce théâtre bizarre et cynique en cliquant par là ! David Lynch: Rabbits (The Original Series) – EP1: « History »

1- HOTEL - BENJAMIN NUEL

©Hotel, Benjamin Nuel

Alors sur ce coup j’espère vous surprendre ! Une websérie crée par Benjamin Nuel et qui regorge d’interprétations philosophiques (encore une). Hotel c’est tout simplement une partie de Counter Strike qui vient de commencer, mais il n’y a pas de gamer aux manettes…
Pour les millenials qui ont la flemme d’ouvrir wikipédia, Counter Strike c’était un jeu de tir à la 1ère personne où des forces armées affronte des terroristes dans une map prédéfinie. On pouvait être soit dans une équipe soit dans l’autre. Ici les personnages sont sur la map mais pourtant, aucune partie n’est en cours, alors ils s’ennuient, s’amusent, essayent de passer le temps et surtout de comprendre où ils sont et ce qui se passe.

En tentant de comprendre leur environnement, certains d’entre eux auraient aperçu une poule en or, alors ils décident de se lancer à sa recherche. Mais quelque chose vient précipitamment perturbé leur tranquillité : les pixels de la maps se désagrègent petit à petit…
Il y a quelque chose de fascinant à voir ce monde sans joueur mourir un peu plus à chaque épisode, et de voir ces personnages qui tentent de ne pas céder à l’absurdité (team Camus), du moins au début, trouver un but, rompre l’ennui, alors que la fatalité de leur disparition est certaine. Je vous la recommande vivement, en plus et elle ne dure pas très longtemps.

C’est une websérie que j’ai vu il y a longtemps et j’ai immédiatement repensé à elle quand j’ai regardé l’excellente vidéo de Alt 236 sur les ruines numériques.

J’ai vraiment galéré à vous la retrouver, mais la voici ! HOTEL – 1/10

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